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(Investir au Cameroun) – Depuis le premier trimestre 2022, le terminal à conteneurs du port en eau profonde de Kribi, opéré depuis mars 2018 par la société Kribi Conteneurs Terminal (KCT), co-entreprise formée par le consortium Bolloré-CMA CGM-CHEC, est « désormais le premier terminal à conteneurs du Cameroun ». L’information a été révélée le 8 juin 2022 à Kribi par Philippe Labonne, le président de Bolloré Africa Logistics (BAL), qui gère tous les actifs africains du groupe Bolloré dans le domaine de la logistique et du transport.

En clair, selon le propos du patron de Bolloré Africa Logistics, qui s’exprimait ainsi à l’occasion de l’inauguration de la toute première plateforme logistique de la ville portuaire de Kribi, construite par le groupe Bolloré, depuis le début de l’année 2022 courante, le port en eau profonde de Kribi a chipé au port de Douala le leadership du trafic conteneurisé. Concrètement, apprend-on des données de KCT, au 31 mars 2022, le terminal à conteneurs de Kribi contrôle 53% du trafic conteneurisé du Cameroun et de l’hinterland (RCA, Tchad, Congo), contre 47% pour le terminal de Douala, opéré en régie (RTC) par le Port autonome de Douala (PAD).

Réserves

 « Ce sont des déclarations qui ne nous engagent pas. Il y a des déclarations commerciales et les déclarations réelles. Mais, même quand il faut faire du marketing, il y a des limites », réagit un cadre de la RTC, sans plus de détails. Au PAD, le service de la communication fait la précision suivante : « le port en eau profonde de Kribi est un port d’éclatement des marchandises. En clair, les marchandises débarquées sur le terminal à conteneurs de Kribi sont ensuite généralement convoyées au port de Douala ».

En effet, grâce à ses 350 mètres de quais et son tirant d’eau (profondeur) de 16 mètres, le bien nommé port en eau profonde de Kribi, contrairement à celui de Douala (7 à 9 mètres de tirant d’eau), a l’avantage de pouvoir accueillir de grands navires, d’une capacité de 11 000 conteneurs équivalents 20 pieds (EVP). Cette grande capacité d’accueil, doublée de l’exploitation de lignes maritimes directes ouvrant sur l’Asie (la Chine est le premier partenaire économique et commercial du Cameroun au plan bilatéral, NDLR), fait du port de Kribi une infrastructure privilégiée par les opérateurs économiques.

Cabotage vers Douala

Mais, compte tenu de l’enclavement du port (pas de rail, mauvais état de la route Edéa-Kribi, l’autoroute desservant le port à partir de Mboro s’arrête à Kribi), nombre de marchandises débarquées sur le terminal à conteneurs de Kribi achèvent leur parcours sur le terminal à conteneurs de Douala, où elles sont généralement convoyées par cabotage (transport côtier par petits bateaux sur de petites distances, NDLR).

De ce point de vue, l’analyse des données de KCT, qui revendique désormais le leadership sur le trafic conteneurisé au Cameroun, permet de constater que ce leadership tient davantage des importations, dont une bonne partie est généralement redirigée vers Douala par cabotage. Dans le détail, apprend-on, au cours du premier trimestre 2022, les importations ont représenté 25% des conteneurs traités sur le terminal de Kribi (+18,9% en glissement annuel), contre seulement 10,5% à l’export (+133,3%). La même configuration est observée pour les marchandises en transit, dont les destinations finales sont la RCA, le Tchad ou encore le Congo.